Comme un tagueur qui ferait des enluminures, Codex Urbanus dessine nuit après nuit, furtivement, un bestiaire de chimères dans les rues de Paris, et plus particulièrement de Montmartre. Insectes, mammifères, poissons, méduses, tout le règne animal se désintègre et se recompose à la lumière des réverbères de la Butte.
Chaque créature est dessinée au marqueur à peinture, directement sur le mur, numérotée avant de se voir attribuer un double nom en latin. A l'origine, Codex Urbanus, qui signifie "manuscrit urbain" en latin, était le nom du projet; mais à force de le voir inscrit au dessus des chimères, les passants ont fini par nommer l'artiste du nom de sa création, et c'est ainsi que Codex est devenu Codex.
Une des bases de son travail est l'instant. Trop de préparatifs, trop de recherche d'excellence nuit selon lui à son art et à son plaisir; des images parfaites existent déjà, et il est plus intéressé à extirper de son esprit le ressenti de tel ou tel animal plutôt que de restituer une représentation optimale. C'est précisément cette spontanéité qui rend ses animaux fantastiques touchants, presque naïfs, au carrefour des dessins médiévaux et de la bande dessinée.