Après avoir mené une pratique plastique en peinture et en photographie,
j’ai découvert un monde qui avait échappé à toutes les recherches et
innovations des avant-gardes du vingtième siècle : celui de la mosaïque.
Je me suis attaché, à considérer la mosaïque, non pas sous son angle
technique proche des arts appliqués et décoratifs, mais en tant que
notion et à établir des liens avec le champ de l’art contemporain
duquel, jusqu’alors, elle était tenue à l’écart. Mes recherches m’ont
conduit à questionner la relation de la mosaïque avec des domaines aussi
variés que les mathématiques, l’écriture, la musique, le politique, la
philosophie et d’établir des connections avec les nouvelles technologies
et le réseau internet. La relation entre mosaïque architecture et
urbanisme ont eu comme centre de fondement la problématique du lieu.
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Mosaïque des beaux quartiers / Jérôme Gulon |
C’est cette nécessité qui m’a amené, depuis le milieu des années
quatre-vingt, à confronter la mosaïque à son environnement et à
l’introduire dans ce que l’on nomme aujourd’hui « art urbain. Ainsi est
apparue la série des Parcours où je dissémine des mosaïques de petite
taille. Chaque Parcours obéit à un concept particulier. Il peut tour à
tour questionner le temps, la répétition, la fragmentation, l’idée
d’espace, mais aussi poser la mosaïque dans sa dimension monumentale
liée à la mémoire. Il arrive parfois qu’un Parcours ne soit composé que
d’une seule pièce. C’est le cas dans la série des Bohémiennes dont la
première date de 1994 où je réalise une mosaïque « portative » (sorte de
mosaïque de voyage), que je pose in situ, ça et là dans la rue où dans
tout autre lieu. Des photographies et parfois des vidéos témoignent, à
la manière d’un carnet de voyage, des lieux traversés et font partie
intégrante du travail.
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Bohémienne / Jérôme Gulon |
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Jérôme Gulon |